Élection présidentielle : existe-t-il un "vote chinois" en France ?

Parmi les 500 000 personnes d’origine chinoise qui vivent en France, une majorité réside à Paris ou en région parisienne. Selon le chercheur Baptiste Coulmont, en 2015, sur 1,2 million d’électeurs inscrits sur les listes électorales à Paris, 6 600 étaient originaires de Chine ou du Vietnam. Par ailleurs, 4 800 personnes nées en France portaient un nom parmi les cent noms de famille chinois les plus courants. Si leur vote ne pèsera pas significativement sur l’élection présidentielle, les Français d’origine chinoise se sont davantage fait entendre dans l’espace public ces derniers mois, en particulier sur l’insécurité. En septembre 2016, ils étaient des dizaines de milliers à manifester pour réclamer plus de sécurité après la disparition de Zhang Chaolin, un couturier décédé des suites d’une agression à Aubervilliers. Le 27 mars 2017, la mort d’un père de famille chinois, Liu Shaoyo, tué à son domicile par un policier dans des circonstances controversées, déclenchait une série de rassemblements. Largement sollicitée par les partis politiques, notamment ceux de droite, la communauté asiatique n’a toutefois rien d’homogène.

Chinois de Paris : contre l'insécurité et le racisme, jusqu'où ira la colère ?

Rarement la communauté chinoise de Paris s’était autant mobilisée. Dans les rues de Paris ce dimanche 4 septembre, des dizaines de milliers de manifestants ont exprimé leur ras-le-bol de la violence et des clichés racistes, réclamant leur droit à la sécurité et à la fraternité dans la société française. Si la mobilisation n’est pas nouvelle, elle a pris une nouvelle ampleur après le décès de Zhang Chaolin suite à un vol avec agression par un groupe d’adolescents. Aujourd’hui, la communauté chinoise se partage entre les anciennes générations qui veulent une répression plus affirmée contre l’insécurité, et les jeunes qui aspirent à plus de reconnaissance via la médiation sociale dans les quartiers. C’est dans cette direction qu’il faut aller selon Richard Béraha, enseignant à Sciences Po.

Réfugiés asiatiques d’hier et d’aujourd’hui : regards d’anciens boat people

D’un continent à l’autre, les mêmes enjeux ? Comme en miroir de la crise des réfugiés syriens en Méditerranée, l’Asie du Sud-Est a connu une crise similaire en mai 2015. Elle fut déclenchée après que les autorités thaïlandaises eurent réprimé les cartels de trafiquants d’êtres humains basés dans le sud du pays. Ces derniers organisaient un trafic de migrants vers la Malaisie en provenance de Birmanie et du Bangladesh. Tandis que les trafiquants fuyaient la répression, abandonnant leur « charge »

“Les Chinois font un tabac” : quand les Wenzhou passent derrière le comptoir des PMU parisiens

« Moi j’essuie les verres au fond du café, j’ai bien trop à faire pour pouvoir rêver», le célèbre couplet des amants d’un jour d’Edith Piaf est aujourd’hui probablement fredonné en mandarin. On ne compte plus les bars tabac de Paris et sa région qui ont été repris par des immigrés d’origine chinoise. La plupart des acquéreurs viennent de Wenzhou, une ville de 7 millions d’habitants située dans la province du Zhejiang. Des Chinois commerçants dans l’âme, mais parfois désarçonnés par l’art du comptoir parisien. Difficile en effet de maîtriser la bistrologie, sans un apprentissage express du français. Pour ces nouveaux propriétaires venus de Chine, la gestion d’un PMU passe par une véritable intégration. D’autant que ces rachats en masse, ainsi que quelques affaires médiatisées de faux actes notariés fournis par les acquéreurs pour justifier de leurs fonds propres, nourrissent soupçons et fantasmes.